Kenny croit marcher dans ce qu’il prend pour une forêt, c’est comme un vidéo-clip bizarre où la lumière provenant des arbres se déforme en réaction à une présence étrangère, où des espèces de champignons inquiétants surgissent discrètement le long du sentier ; les pas de Kenny sont ambigus, lents et rapides à la fois, leur empreinte dans la mousse est aussitôt effacée par des miliards de micro-organismes dont l’élasticité et la temporalité nous échappent, les bruits de la croissance organique ont une patine de Yamaha DX7 passé par un module de synthèse granulaire, les feuilles vibrent jusqu’aux cœurs des troncs ; Kenny marche et ne voit rien, n’entend rien, persuadé d’être en train de ce qu’il appelle se promener, sa propre respiration lui paraît presque familière.