Le jour où ça fait « beep »

Il doit y avoir une manifestation sportive dans une rue voisine ce matin. Par la fenêtre ouverte j’entends des applaudissements, des pas de course, lourds sur l’asphalte, des encouragements go go go go, une mobylette qui passe qui n’a rien à voir, des cloches de l’église aussi, un peu hors compétition. J’écoute tout ceci de loin et perds de vue mes objectifs (déjà pas très nombreux, au demeurant). Me voilà dispersé dans une course surprise qui ne me concerne pas, me voilà en train d’oublier le véritable sujet : le jour où ça fait « beep ».

Je n’entends plus parler de l’immobilier

Je n’entends plus parler de l’immobilier. Qu’est-il devenu depuis ? Où est-il passé ? Il n’allait pas très fort il y a quelques temps, ai-je entendu dans une émission, ensuite il aurait, semble-t-il, « repris » sans plus de détails, puis finalement silence radio. Il y a de ces êtres qui parfois s’effacent de la grille des jours sans que l’on s’en aperçoive, qui se retirent des ondes, désactivent leur profil, puis le temps passe et remplit le vide qu’ils ont laissé. Enfin — tout ceci est d’une grande banalité, bien sûr, mais peut-être que la banalité non plus n’a pas spécialement l’intention de nous amuser éternellement ?

Soit une chèvre dans un enclos pédagogique

Soit une chèvre dans un enclos pédagogique. Une chèvre parmi d’autres, dans un enclos pédagogique parmi d’autres. Tous les jours, donc, des groupes d’humains viennent de l’autre côté de la clôture et l’appellent « chèvre » — sans toutefois donner de carotte puisqu’il s’agit d’un enclos très strictement pédagogique. Ni de choux. La situation est très simple. Résumons : un enclos pédagogique quelconque mais à chèvres, entouré d’humains parmi d’autres mais sans choux ni carottes, des voix quelconques appelant sans cesse : « chèvre, chèvre ! » Une situation simple, pédagogique. Contrairement à tant d’autres situations susceptibles de se manifester dans un univers concevable. Le monde de l’art, par exemple, bien plus complexe. Les chèvres pédagogiques y sont complexes, génériques et singulières à la fois, les groupes d’humains, les enclos, les voix, bref — un autre monde parmi d’autres, ni choux ni carottes, et ainsi de suite.

Hélas, je reste sans nouvelles des pneus neige

Hélas, je reste sans nouvelles des pneus neige que les intéressés au pseudo étrange sont venus emmener voici déjà quelques semaines. Est-ce que tout se passe bien de leur côté ? Les a-t-on rebaptisés en accord avec l’esthétique de leur nouvel environnement domestique ? Ont-ils au moins roulé ici ou là ? Dans la neige ? Je fais cuire un œuf au plat et j’y pense. La vie est parfois pleine de mystères et d’énigmes qui ne cessent de revenir pour éveiller des sentiments fort ambivalents au plus profond de tout un chacun. Et toujours cette obsession de savoir, puis de savoir plus en dépit de tout, et encore plus — cet hallucinant besoin tellement si rare dans le règne animal !

Afin de soutenir le printemps 2018 des poètes

Afin de soutenir le printemps 2018 des poètes, donc, le gouvernement envoie la police dans les amphis. Enfin — il s’agit peut-être bien des militaires, ou des deux, ou d’un mélange subtil des deux, bref — de personnes habillées en exosquelettes, pilotées par l’amour de la poésie de droite bien faite et munies d’ustensiles convaincants. Car, n’en déplaise aux âmes libres et non faussées : la poésie, ça s’enseigne, et c’est même tout un programme. Pardon ? Vous dites que c’est trop dur ? Le monde est dur, madame, regardez cet objet qui s’appelle « carrelage », par exemple — il n’est pas finalement moins dur que sa métaphore nommée « matraque ». Le monde est dur, madame, et son noyau poétique l’est tout particulièrement. Leçon numéro zéro. Amphi B, 15-17h, contrôle continu. Pour affronter la dureté du monde dur, monsieur, il n’y a que l’éducation poétique réaliste. Plus la rééducation, bien sûr, si le besoin se fait sentir — et il se fait parfois sentir très fort, notamment sur les tibias. La jeunesse est-elle prête à se former à la poésie ? Et les fleurs/oiseaux qui poussent/s’envolent dans tout ça ? pendant que tu/elle/lui/nous disons bien des choses si indiciblement au creux de la nuit du jour ?